Matière à penser : LE/S CORPS DIVERS DANS LE SPECTACLE VIVANT : MES CHER·ÈRES - Lettres de Elena Zanzu

Un article écrit par
Elena Zanzu
29 janvier 2024

Cher syndrome de l’imposteur,

Sommes-nous d’accord sur ce point ? Nous partageons quelques craintes, celles de la déception, de l’appropriation, de l’exposition, du ridicule et de la moquerie. Ces peurs s’accompagnent d’arrogance. Comme s’il y avait un piédestal d’où tomber. Et s’il n’existait pas de tel piédestal ? Et si toi et moi, syndrome de l’imposteur, nous nous rappelions l’humilité ? J’écris depuis un corps blanc, valide, plutôt normatif, mince et tonique. J’écris aussi d’un corps transgenre et vieux - au regard des normes des scènes circassiennes. Pour parler du corps uniquement. Je visualise Fabrizio Giannini qui sort littéralement d’un placard en bois dans le spectacle CAPAS (1) . Dois-je éternellement sortir des placards ? Je ne fais pas référence, comme l’ont suggéré Kosofsky (2) et Butler (3), à un placard où l’on peut binairement être soit dedans, soit dehors. Je pense plutôt, à la façon de Schrödinger, à un placard où il est possible d’être à la fois à l’intérieur et en dehors (4). Syndrome de l’imposteur, personne n’écrit seul, tu peux participer si tu le souhaites 5.

EZ par Elena Zanzu © Mila Ercoli

Cher moi du passé,

En 2004, tu te rends pour la première fois au 68 rue de la Folie Méricourt pour visiter la bibliothèque HorsLesMurs (6). En effet, lorsque le cirque est entré dans ta vie, il ne t’a plus jamais quitté et, en étudiant la philosophie, tu as changé de domaine d’études, troquant la physique quantique et l’intelligence artificielle contre le cirque.

Dix-neuf ans ont passé depuis. Parler de (mon) âge dans le cirque revient à sortir d’un placard. Et il est probable que si je peux le faire maintenant, c’est grâce au privilège d’être créateur, dramaturge, auteur, metteur en scène, soit une personne qui décide quels corps mettre sur scène. La situation est différente lorsque l’on est interprète, et que l’on se retrouve face à d’autres [(plus) jeunes] concurrent·e·s. Tu pourras peut-être (avoir besoin de) rester dans le placard. Le corps incarnant autre chose que le pouvoir héroïque de la jeunesse est un grand tabou dans le monde du cirque. Mais il y a aussi l’autre extrême, lorsque le fait d’être visiblement vieux·eille est accueilli comme une inspiration, une invitation pour le public à penser qu’une personne est «bien pour son âge».

Une autre expression de l’ «inspiration porn» (pornographie de l’inspiration) (7). Il existe un besoin d’appartenance et la peur de s’approprier les espaces. Il y a quelque temps, des années durant, tu as collaboré à l’organisation d’un cabaret trans. Et chaque année, tu te demandais si tu étais «assez trans » pour être là. Mes pronoms sont they/he (iel/il) en anglais, et souvent « il » dans les autres langues. Mon corps reçoit activement des hormones synthétiques.

Mon corps change. Mon corps n’a pas sa place dans les deux vestiaires de la piscine où je m’entraîne à l’apnée. Mon corps ne correspond pas à la plupart des scènes (circassiennes). Je crée (du moins j’essaie) des espaces où accueillir la transformation et l’amélioration.

Et j’ai (le privilège d’avoir) un bon passing (8) : Je passe comme (plus) jeune et, avec un peu d’habileté, je peux passer (ou peut-être pas ?) pour les deux (cis) genres officiels.

Cher moi du passé, je me souviens quand tu étais (en train d’essayer d’être) trapéziste. Trapéziste volant à Montréal. Montréal formait bon nombre de trapézistes qui allaient travailler au Cirque du Soleil et dans d’autres cirques modernes. Certaines de ces personnes pouvaient (avoir besoin de) mentir sur leur âge. L’âge était une honte, une gêne. Tu entendais des choses comme «je serai le·a meilleur·e trapéziste du monde » et tu te sentais étranger. Tu l’étais. Ce monde du cirque autour de toi recherchait la perfection. Comme dans la caravane de cirque Ringling Bros and Barnum & Bailey Circus, il voulait jouer sur la piste centrale. Un seul corps était le bienvenu sur la piste centrale pour performer. Il était blanc, valide, mince, jeune et - s’il se balançait sur un trapèze - féminin. On t’a dit que si tu voulais faire du trapèze volant, tu devais avoir les cheveux longs et mettre une robe. Tu as porté une perruque. Tu n’en avais pas pleinement conscience, mais maintenant je peux te le dire : tu faisais du drag ! Tu étais un drag-queen trapéziste. Je me souviens d’une conversation avec un programmateur. Tu as proposé une performance créative. Silence. Tu as proposé une seconde option, plutôt comme une expérience : « J’ai aussi un numéro de femme aux cheveux longs avec une robe rouge ». « Oui, cela me plaît», a-t-il dit.

Quoi qu’il en soit, le trapèze volant t’a donné l’adrénaline dont tu avais besoin pour te reconnecter à ton corps, te resituer dans une physicalité, sentir la matière. L’air t’a permis de t’ancrer dans le sol. Alors, cher moi du passé, c’est bien.

EZ par Elena Zanzu © Mila Ercoli way from

Cher privilège (9),

En 2016, toi et moi avons invité à une résidence le danseur aveugle Joan Casaoliva. Il a proposé que nous apprenions plutôt d’abord à nous connaître « dans un endroit que je connais, mais pas toi », où j’entrais et que je quittais les yeux bandés. Je lançais le projet de recherche A (h)! NO, rmalidades, qui visait à explorer certaines altérations des capacités sensorielles et de la mobilité. Il était composé de trois résidences indépendantes. La première s’articulait autour de la vue (10). J’ai couvert mes yeux pendant sept jours, 24 heures par jour. Plusieurs personnes ont accompagné le processus : elles étaient une « vision externe » aux côtés de ma « vision interne », et géraient un espace (plus) sûr où prendre des risques (11). Je m’intéressais aux mouvements que cette recherche allait générer en moi, aux collaborateur·ices invité·e·s et aux personnes que je rencontrais intentionnellement ou non au cours de la semaine.

Quand la résidence a débuté, j’ai vite réalisé que tout ce que je n’avais pas préparé auparavant devait être fait différemment. Tout à coup, partager un regard, pendant une semaine, a cessé d’être accessible. J’ai dû compter sur d’autres formes de communication. Communiquer avec moi exigeait un effort supplémentaire de la part de tout le monde, pas seulement de la mienne, et souvent les gens préféraient m’éviter. Par exemple, un jour alors que je m’entraînais dans l’espace de résidence, porte close, une personne extérieure est entrée. Je ne l’ai pas remarquée, et elle n’a pas cherché à me signifier sa présence. Elle est restée là un moment, sans se faire remarquer. Elle ne s’est pas cachée : elle n’a tout simplement pas fait l’effort supplémentaire nécessaire pour manifester sa présence et demander si elle pouvait rester. Un autre jour, je marchais dans la rue avec Tiziana. Une personne m’a alors reconnu, a regardé Tiziana d’un air interrogateur, puis est partie sans me révéler sa présence. Souvent, les gens parlaient de moi à d’autres personnes, même lorsque je me trouvais à côté. Par exemple, ils demandaient « comment est-ce qu’iel va ? », au lieu de dire « comment est-ce que tu vas ? ». Comme je ne pouvais pas voir les gens, les gens prétendaient ne pas me voir. Un jour, j’avais des images claires de ce que nous faisions en studio, même si mes yeux restaient bandés. J’ai eu la sensation de voir le contact physique, les corps, la sueur, les cordes, la texture des vêtements, la température du métal, la densité du souffle. Je peux encore le visualiser clairement, et j’en ai rêvé plusieurs fois.

Je parvenais parfois à m’orienter facilement, quand d’autres fois, j’étais incapable de me situer. J’ai ressenti une fatigue extrême. C’était une fatigue sensorielle. L’ensemble de mon corps, mes muscles, mon esprit, mes émotions et mes autres sens essayaient de m’offrir la vue pour reclassifier le monde selon mes paramètres habituels. J’essayais de m’orienter et de savoir où tout se trouvait. Toute mon énergie était utilisée dans ce but. Après quelques heures de stimulation, j’ai eu besoin de m’allonger et de « reposer mes yeux ». Vers le quatrième jour, j’ai commencé à me sentir émotionnellement épuisé. À ce moment-là, j’ai compris que je devais peut-être arrêter d’essayer de replacer chaque chose à l’endroit même où mes yeux l’avaient laissée. Arrêter de prétendre que rien ne se passait. Arrêter de contrôler, de systématiser et de réajuster les choses. Arrêter de vouloir connaître la couleur des chemises que je portais. Et arrêter de vouloir savoir qui était autour de moi. J’ai dû accueillir la désorientation. Le quatrième jour a été le plus difficile. En revanche, il a, en quelque sorte, permis de passer de la tentative de reproduire quelque chose de connu, à l’ouverture vers d’autres possibilités, d’autres points de (non) vue. J’avais essayé de m’inscrire dans un récit standard de la façon dont le monde devrait être vécu, sans entrave ni échec. Cependant, si le fait de ne pas voir était censé remettre en question le système (ici le système de vision) et ne pas fonctionner comme un point du système qui doit être corrigé, alors l’échec devait être accepté. J’ai senti que dans cette non vision, il existait un autre espace, où il n’était pas nécessaire de voir. Et dans cet espace, le fait même de ne pas voir était une force. T’en souviens-tu, cher privilège?

Le cinquième jour, et dernier en studio, je travaillais seul. J’ai fermé la porte et éteint toutes les lumières. Je me suis attaché à un système de levage et j’ai commencé à me déplacer entre le sol et l’air. L’appareil en lui-même constitue un espace qui permet de créer un périmètre sûr. Cette expérience a changé ma façon de me percevoir dans l’espace et de bouger. C’était aussi la dernière fois que je faisais du trapèze volant: j’ai reconnu l’adieu, la despedida.

À la fin du septième jour, cher privilège, nous avons rouvert les yeux. Voir à nouveau m’a donné le vertige, la nausée et des tremblements. Je ne savais pas comment réintégrer la vue à mes repères. Durant une semaine, ce sens n’était plus habitué à travailler. Il me donnait désormais des informations que je ne savais pas interpréter.

Privilège, nous avons pu choisir de vivre temporairement cette expérience au nom de la recherche, même légèrement financée. Notre expérience d’avoir les yeux bandés et de jouer avec la non-vision pendant une semaine était sans aucun doute radicalement différente de celle d’être aveugle. En outre, la cécité ne se réduit pas à l’absence de vue. Et toi, mon privilège, tu n’es pas seulement revenu lorsque j’ai enlevé le bandeau de mes yeux. Tu m’accompagnais à chaque instant. Lorsque j’ai perçu que l’on me rendait invisible, lorsque j’ai ressenti de la colère et de l’épuisement, lorsque j’ai reçu un financement, lorsque j’ai eu des idées, lorsque j’ai fait mes adieux au trapèze volant, lorsque j’ai marché dans la rue avec une canne blanche (oui, j’ai même fait cela), tu étais là pour moi. Et te voilà maintenant que j’écris. Et lorsque tu es à mes côtés, cher privilège, tu veilles sur moi d’une manière qui peut me sembler plaisante, surtout si je ne te remarque pas et si je pense que je suis seul. Parce qu’alors, je ne m’aperçois pas que tu voles ailleurs ce que tu me donnes. Et que je suis ton complice. Cher privilège, nous devons parler davantage.

Après cela, je suis allé chez Joan. Nous avions rendez-vous dans la rue, et je me suis bandé les yeux avant d’entrer chez lui. Là, nous avons improvisé pendant des heures. Puis, les yeux toujours bandés, il m’a accompagné dehors et m’a dit : « Oui, faisons une résidence ensemble. »

EZ par Elena Zanzu © Mila Ercoli

Chère accessibilité (12),

Au cours de la performance EZ (11), une personne volontaire parmi le public est invitée à entrer en scène. Sans trop en dévoiler, cette personne sera suspendue et rendra la scène possible, grâce à son (contre)poids et à son engagement dans un dialogue avec moi.

Je voulais que l’invitation soit ouverte et accessible. En rêvant de toi, accessibilité, j’ai réalisé que la question n’était pas de savoir si quelque chose est accessible ou non, mais à qui cela l’est et à qui cela ne l’est pas. Quels sont les corps que j’invite sur scène et ceux que je n’invite pas ? Un changement de perspective. Puis, être honnête là-dessus. Et réfléchir à la façon de le communiquer, de formuler l’invitation.

Il est important de reconnaître les limites. Certaines limites dépendent de l’équipement et des systèmes d’accrochage. Mais le matériel et ces systèmes relèvent d’un choix. L’accessibilité pour certaines personnes est-elle forcément synonyme d’inaccessibilité pour d’autres ? Par exemple, les lumières stroboscopiques peuvent nuire à une personne épileptique, mais constituer un outil puissant pour une personne sourde. Au final, il faut faire des choix. Et abandonner l’illusion de l’accessibilité comme valeur statique et absolue.

Accessibilité, tu es aussi une négociation.

Cher épuisement (14),

J'étais en train d'écrire la dernière lettre du mot soins lorsque tu t'es manifesté en réclamant ta part. Alors, me voilà avec toi.

Il y a des années, lors d'une résidence dont je m'occupais, une personne a eu des problèmes de santé. Nous devions présenter le lendemain un travail en cours dans le cadre d'un festival, mais cette personne n'était pas en mesure de le faire. J'ai eu l'impression de négocier des soins. Comment m'occuper à la fois d'elle, du reste de l'équipe, du projet, du festival et du public à venir ? Et à supposer que m'occuper de moi vienne automatiquement après.

Ma collègue était blessée. Les blessures ne sont parfois pas corporelles. C'est pourtant tout comme. Comment s'en occuper ? Comment les communiquer ? Pourquoi la souffrance mentale s'accompagne-t-elle d'une telle honte ?

Épuisement, tu viens me rappeler de vivre. J'ai parfois besoin d'une pause. Pourtant, il arrive que lorsque j'en ai besoin, je ne la prenne pas. C'est alors que quelque chose en moi me dit : « S'il te plaît, arrête-toi, ou c'est moi qui t'y obligerai. » Je négocie : « Je vais prendre une pause, oui, mais laisse-moi juste terminer ceci ou cela. » Cette négociation n'aboutit pas toujours. Parfois, une partie de moi cesse de fonctionner. Et toutes les autres parties de ce que j'appelle « moi » doivent se réajuster. C'est probablement un mélange de précarité, de capitalisme occidental, d'addiction au travail et (le placard) de neurodiversité qui me pousse à dépasser mes propres limites. Je suis plus à l'aise pour faire des choses qui sont difficiles pour la plupart des gens que pour réaliser certaines tâches faciles (généralement considérées comme telles). Mais parfois, je préfère rester dans ce placard, et je fais sortir un autre moi.

Épuisement, tu viens à moi avec une sensation de dégoût envers quelque chose que je dois faire (comme répondre aux courriels). Je reconnais en moi deux types de réactions à cela : lâcher prise ou me battre. Si je t'attends, ou si tu me laisses négocier les échéances, j'opte pour la première réaction. Je lâche prise et j'éprouve de la gratitude pour ce vibrant rappel de la vie. Mais si tu me prends par surprise, je préfèrerais probablement agir et t'affronter.

La semaine dernière, j'ai eu une conversation avec Hèctor - qui est susceptible de rejoindre l'équipe EZ - au sujet du rôle du/de la producteur·ice. Il y a quelque chose dans le rôle de producteur·ice qui s'apparente à celui de dramaturge, car tous deux assument souvent tacitement le rôle d'un·e soignant·e et d'un·e psychologue (15). Je fais référence aux notes de Sebastian Kann (16). Qui s'occupe alors du/de la producteur·ice ? Hèctor, comment aimeriez-vous que l'on s'occupe de vous ?

Cher épuisement, comment s'occupe-t-on de toi ? J'invite souvent ta composante physique dans ma pratique. Tu permets à mon esprit rationnel de se reposer et à d'autres états de se manifester. Pratiques de longue durée, répétition, durée, répétition. Si je suis trop dans mes pensées, l'épuisement du corps ouvre une fenêtre pour laisser l'air frais rentrer, et l'excès de pensées quitte la pièce. Ce type d'épuisement m'est précieux.

Combien de fois n'ai-je pas respecté mes limites (artistiques) ? Comment puis-je oublier la durabilité de la pratique ? Combien de fois ai-je oublié de dire non au travail ? Où sont les temps de repos ? Comment est-il possible de travailler tout le temps et d'avoir du mal à payer son loyer ? Pourquoi le travail invisible ne compte-t-il pas ? La citation de Confucius « choisissez un travail que vous aimez, et vous n'aurez pas à travailler un seul jour de votre vie » est-elle un piège ? Quand prenons-nous soin de nous-mêmes ?

Cher épuisement, merci pour les rappels, les questions, l'attention, l'empathie, l'incitation à déléguer, l'enseignement de la confiance, l'impulsion à bâtir une communauté et la joie de dire non. Merci de m'avoir amené à voir la mer et à contempler les étoiles la nuit. Merci pour les câlins. Et pour la perspective.

Merci pour la dissociation, pour la distance. Merci pour la connexion, pour l'enthousiasme de se rappeler de vivre. Cher épuisement, faisons une pause maintenant.

Notes

1. Compagnie de cirque «eia », spectacle CAPAS (2011-2015)

2. Kosofsky Sedgwick Eve, Épistémiologie du placard (1990)

3. Butler Judith, “Imitation and Gender Insubordination” dans The Lesbian and Gay Study Reader (1993)

4. Le chat de Schrödinger est une célèbre expérience de pensée imaginée par le Prix Nobel - et prédateur sexuel - Erwin Schrödinger. Elle propose d’imaginer qu’un chat placé dans une boîte pourrait à la fois être vivant et mort jusqu’à ce que l’on ait vérifié par observation. Cette expérience de pensée avait pour but de critiquer l’interprétation de Copenhague de la mécanique quantique, en montrant le caractère paradoxal d’une théorie avançant qu’un système existe dans une superposition d’états jusqu’à ce qu’il soit observé.

5. Merci à José, Valentina et Tay d’avoir lu une première version de ce texte.

6. HorsLesMurs était le centre national des ressources des arts de la rue et des arts du cirque en France jusqu’en 2016, date à laquelle il devient ARTCENA grâce à son alliance avec le CNT.

7. L’expression «inspiration porn» ou «pornographie de l’inspiration» a été inventée en 2012 par la militante des droits des personnes handicapées, Stella Young. Elle fait référence à l’objectivation d’un groupe de personnes (en situation de handicap) dans le but d’en faire une source d’inspiration pour un autre groupe de personnes (valides). Ce concept utilise des messages tels que: «Il est certain que si une personne handicapée peut le faire, vous - personne valide - le pouvez aussi.» L’expression a ensuite été étendue à d’autres groupes discriminés.

8. Le «passing » fait référence au fait d’être perçu·e comme appartenant à un genre dans lequel vous vous identifiez, et qui ne vous a pas été assigné à la naissance. Cela peut aussi occasionnellement désigner le fait d’être perçu·e comme appartenant à un genre qu’il est plus sûr d’assumer (par rapport au fait d’être perçu comme transgenre). Et, par extension, j’utilise ce mot ici en faisant référence au genre et à l’âge..

9. A(h)! NO rmalidades a été mené par Elena Zanzu en 2017 dans le cadre du programme Europe Créative De Mar a Mar, avec des résidences à
La Central del Circ et à La Grainerie.

10. En particulier Tiziana Masala, Sabrina Catalán, Oriol Escursell et Griselda Juncà.

11. EZ est une performance d’Elena Zanzu, créée en 2022.

12. Cvejić Bojana, « Le dramaturge ignorant » dans Maska (2010).

13. Kann Sebastian, « Some queer notes on doing dramaturgy with love » dans Thinking through Circus (2020).

Elena Zanzu (iel/il) est auteur, interprète et chercheur. Diplômé de l’École nationale de cirque de Montréal, iel a obtenu un master de philosophie de l’Université de Bologne et détient un certificat en dramaturgie circassienne du CNAC. Iel donne des conférences et organise des ateliers ainsi que des événements autour de la négociation, du consentement, des pratiques artistiques, de la dramaturgie circassienne, de la perspective de genre, du soin. Iel enseigne les perspectives de genre dans le cirque à l'Université autonome de Barcelone (Autonomous University of Barcelona, UAB), et a été chercheur associé pour The Circus Dialogues (continued). Iel est en tournée et performe en solo avec EZ, un projet lauréat circusnext.