20 HISTOIRES DE CIRCOSTRADA - CÉLÉBRATION DU 20E ANNIVERSAIRE DU RÉSEAU : RÉVOLUTION CIRCASSIENNE
Je suis arrivée dans le cirque par le biais de la recherche universitaire. En 2012, je faisais ma dernière année d’étude à l’Académie de culture de Lettonie, où je travaillais sur mon projet de recherche final sur les tendances du cirque contemporain dans les pays baltes, lorsque j’ai entendu parler de l’événement FRESH CIRCUS#2 organisé à Paris. À l’époque, je n’avais jamais assisté à un spectacle de cirque — j’avais seulement vu des vidéos et lu des livres sur le cirque, mais c’était un domaine qui me passionnait. J’ai donc été à FRESH CIRCUS, mais comme je n’avais pas assez d’argent pour acheter des billets, je n’ai pas vu de spectacle de cirque non plus lors de cet événement. En revanche, j’y ai trouvé une communauté incroyablement accueillante et ouverte, passionnée par le travail collaboratif. Assise au café de la Cité de la musique, devant La Villette, j’ai décidé que c’était la communauté dans laquelle je travaillerais, et que j’allais utiliser mes 200 euros d’économies pour commencer une nouvelle vie à Paris et me plonger dans le monde du cirque. Étonnamment, cela a fonctionné. À l’époque, le cirque n’existait pas en Lettonie, mais après avoir constaté qu’en France, il s’agissait d’un secteur à part entière, cela m’a donné un objectif à atteindre – et une idée à ramener en Lettonie. Fin 2015, je suis re- tournée dans mon pays, car je travaillais de temps à autre pour le festival en plein air Re Riga !. Un jour, alors que j’étais en voiture avec le directeur du fes- tival, Mārtiņš Ķibers, nous sommes passé·e·s devant l’ancien bâtiment des cirques Rīgas dans le centre- ville – un cirque néoclassique du XIXe siècle qui pré- sentait le programme traditionnel du cirque national de Lettonie. J’ai dit qu’un jour j’aimerais y travailler, mais Mārtiņš m’a affirmé que c’était impossible. Puis, début 2016, le ministère de la Culture nous a contacté·e·s pour obtenir des conseils sur la manière de gérer le cirque Rīgas cirks. Le ministère s’était rendu compte qu’il devait modifier certaines choses, car il avait repris possession du bâtiment historique, mais faisait face à de nombreuses protestations contre l’utilisation des animaux dans les spectacles. En collaboration avec des partenaires internationaux, notamment Yohann Floch, nous avons travaillé pendant près d’un an à la création d’une proposition de stratégie pour repenser cette institution et ce bâtiment — pour être honnête, elle s’inspirait en grande partie du sys- tème français. En 2016, nous avons également rejoint Circostrada, et le soutien des membres du réseau nous a beaucoup aidé·e·s à élaborer cette stratégie. Nous n’avons pas été les seul·e·s à soumettre une proposition, mais c’est finalement la nôtre qui a été retenue. Par la suite, en 2017, nous avons commencé à travailler dans le cirque lui-même et avons lancé un concours international pour inviter des architectes à rénover le bâtiment. Ces cinq dernières années ont complètement changé les choses. Il est extrêmement rare pour un théâtre national de vivre une telle révolution, mais c’est un peu ce qui s’est passé ici. Aujourd’hui, nous sommes environ 25 personnes à travailler dans ce bâtiment. Nous n’en sommes qu’au début : chaque projet, chaque décision sont encore fondamentaux car ils posent les bases pour l’avenir. Nous devons vraiment réfléchir à la manière dont nous créons cette infrastructure. À cet égard, nos échanges avec Circostrada ont été particulièrement importants. En travaillant dans son pays, on peut se sentir assez seul·e. Chez vous, vous avez peut-être une ou deux personnes avec qui discuter, mais au sein de Circostrada, vous pouvez échanger avec une centaine de personnes bienveillantes qui rencontrent les mêmes problèmes que vous. Je pense que l’une des raisons pour lesquelles les gens restent si longtemps dans le réseau est qu’il·elle·s ont besoin de ce type de soutien entre pairs — dans les moments difficiles, cette solidarité est indispensable. Avec le recul, FRESH CIRCUS a été un tournant pour moi, c’est le moment où j’ai décidé que le cirque serait ma voie. Et à l’avenir, nous prévoyons (enfin!) d’organiser une assemblée générale en Lettonie.
General Director. Rīgas cirks, Latvia
écrivez-nous : infocircostrada@artcena.fr