20 HISTOIRES DE CIRCOSTRADA - CÉLÉBRATION DU 20E ANNIVERSAIRE DU RÉSEAU : Transmettre un héritage - UN ARTICLE de BRUNO COSTA
Fin 2015, le contexte nous semblait favorable à la production d’un grand événement dédié aux arts de la rue dans la ville de Santa Maria da Feira, au Portugal. Nous travaillions à l’époque avec le festival Imaginarius, qui offrait un cadre permettant d’accueillir des rencontres internationales, et la municipalité locale venait de prendre la direction d’un immense complexe événementiel, le Centre des congrès Europarque, un lieu idéal pour organiser de grandes rencontres et des séminaires. À la même époque, de nombreuses personnes au Portugal réfléchissaient à la manière de faire évoluer les arts de la rue. Pour la première fois depuis des années, nous avions élu un gouvernement plus à gauche, nous étions donc nombreux à entrevoir des possibilités de changement. Nous avons commencé à nous renseigner et avons réalisé qu’organiser FRESH STREET#2 au Portugal, à Santa Maria da Feira, pourrait être l’occasion de mettre sur pied un grand événement, mais surtout de créer un héritage qui changerait les choses aux niveaux local et national. Après la crise de 2008, les investissements dans le secteur artistique avaient diminué au Portugal, avant que ne survienne celle de 2013, qui a été pour nous une sorte de deuxième crise. Les compagnies d’arts de rue ne disposaient pas de ressources suffisantes pour créer des projets de moyenne et grande ampleur, tout a alors été revu à plus petite échelle. En parallèle, de nombreuses personnes avaient rejoint ce secteur et l’on sentait une volonté de remettre les arts de la rue à l’ordre du jour au Portugal. Nous avons pensé que FRESH STREET pourrait plaider en faveur d’une nouvelle vision stratégique pour les arts de la rue. Au Portugal, jouer de la musique et se produire dans la rue pour divertir locaux et touristes est une tradition profondément ancrée, mais nous souhaitions aussi montrer une vision plus contemporaine des arts de la rue, et prouver que cette forme artistique possède des récits et une dramaturgie propres. L’assemblée générale suivante de Circostrada a eu lieu en janvier 2016. Je faisais partie du groupe de travail FRESH STREET depuis sa deuxième réunion et j’avais participé aux discussions sur le programme de la première édition de FRESH STREET en Catalogne, en 2015. Au sein de ce groupe, nous avions souvent évoqué la façon dont FRESH STREET pouvait se distinguer de FRESH CIRCUS, en se rendant par exemple dans des pays – comme le Portugal – qui cherchaient encore leur place dans le secteur européen des arts de la rue. Nous avons essayé d’impliquer le ministère de la Culture dès le départ. 2017 a également été une année de transition. Tous les quatre ans, le ministère de la Culture réexamine son modèle de financement du secteur artistique, et 2017 était l’une de ces années cruciales. Ainsi, tout en travaillant à l’organisation de FRESH STREET, nous avions de nombreux échanges avec le ministère, séparément et en parallèle, concernant la révision des critères de financement gouvernementaux afin d’inclure le cirque et les arts de la rue. Le ministère a finalement été convaincu et a décidé de créer une nouvelle catégorie ; il l’a même fait à temps pour que nous puissions l’annoncer lors de FRESH STREET — une excellente surprise offerte à nos délégués pour le premier jour. À nos yeux, cet héritage est un aspect important de FRESH STREET. Circostrada a apporté une légitimité à notre initiative. Si nous avions essayé d’organiser une conférence sans son aide, elle se serait sans doute déroulée très différemment ou n’aurait pas eu le même impact. En tant que membres du réseau, nous nous soutenons mutuellement pour faire reconnaître notre travail. Même si nos pays et nos secteurs ont des niveaux de développement différents, nous nous comprenons, nous apprenons les uns des autres et nous trouvons de nouvelles perspectives et idées. Et même si l’on appartient à ce réseau depuis 20 ans, je suis sûr qu’il reste encore des choses à découvrir.
Bruno Costa est le Co-directeur de Bússola au Portugal.
John Ellingsworth travaille comme rédacteur et éditeur dans le domaine culturel. Il a travaillé sur des projets et des publications pour Kulturrådet, IETM - réseau international pour les arts du spectacle contemporains, Dansehallerne, ELIA - réseau européen pour l'enseignement supérieur des arts, le département flamand de la culture, de la jeunesse et des médias, EDN - European Dancehouse Network, et d'autres encore. Il travaille également comme analyste de données et chercheur pour le réseau de mobilité culturelle On the Move, et a récemment rédigé plusieurs rapports sur la mobilité numérique et la soutenabilité environnementale dans le contexte de la collaboration transfrontalière.
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